Cela va se corser avec l'arrivée de cette "intruse", à qui elle accepte de prêter un logement de fortune, à elle et à ses deux gamins, sans savoir qu'elle est aussi l'épouse d'un tueur de la mafia recherché par la police, qu'elle va héberger à son insu. Une fois celui-ci interpellé, les choses vont petit à petit changer dans l'ambiance générale, la vindicte se diriger contre la squatteuse, puis sur sa fille qui participe aux activités du Centre, puis sur Giovanna, inflexible, qui s'entête à ne vouloir forcer personne, et à résoudre ce problème par le dialogue et la bienveillance, comme elle l'a toujours fait.
L'INTRUSA est d'abord est un portrait de femme admirable, un traité de résistance exemplaire qui oppose à l'obstination de son héroïne les mille et une craintes, fêlures et a priori qui vont empoisonner petit à petit l'équilibre de cette communauté fragile: il faut voir comment Giovanna, travailleuse sociale chevronnée et fine psychologue, désamorce les conflits entre gosses, ou se tient à distance des personnes susceptibles de tout faire exploser, sans jamais rien céder. Cette quasi figure de sainteté comporte bien sûr sa part d'irrationnel (comment croire à ce point aux personnes, lorsqu'on a à faire avec un assassin de la Ndrangheta ou à cette femme butée, désagréable et toujours habituée à faire régner la loi du plus fort), voire sa part d'angélisme.
On aimerait croire que la pugnacité pacifique de cette femme soit le remède à bien de nos problèmes, mais on en doute un peu: sans doute parce que des Giovanna, il y en a de moins en moins.
DES TEMPS ET DES VENTS de Reha Erden (2009) est un titre bien moche pour un si joli film, qui n'a pas bénéficié d'une sortie en fanfare sur nos écrans, mais a glané bon nombre de prix dans pas mal de festivals. Chronique d'un village d'Anatolie de nos jours, autour de plusieurs gamins qui, toutes et tous, sont à cet âge, toutes antennes et fibrilles au vent, qui comprennent que leur vie ne sera pas une partie de campagne infinie. En cause, le monde des adultes, partagé entre figures autoritaires, bienveillantes ou dictatoriales, immatures ou idéalisées, qui une à une vont tomber, et emporter avec elles les parts d'innocence qui subsistent encore chez ces gosses avides de repères.
Le travail sur l'image est magnifique, et le meilleur du film relève sans aucun doute de l'attention impitoyable que le cinéaste porte aux bonnes, comme aux mauvaises pensées que ces gamins tiennent au secret dans leurs coeurs. Comme ce fils d'imam qui rêve aux mille manières de faire disparaître son père, qui lui préfère son petit frère. Ou de cet autre qui méprise son beau-père pour de très bonnes raison (c'est un bon à rien, qu'il surprend même un jour à mater la jolie maîtresse d'école du village par sa fenêtre).
On sera moins persuadé de l'importance de quelques coquetteries récurrentes de la mise-en-scène (comme de filmer ces enfants comme des morts, couchés par terre, à chacune de leur illusion perdue), mais la peinture de cette Turquie rurale à la fois bienveillante et rigoriste (le poids des traditions, l'entraide qui existe entre les gens comme nulle part en ville, la brutale imbécillité de certains comme la bonté constante des autres) nous laisse voir quelques parts d'enfance qui est loin de la nôtre, -occidentaux gâtés -, mais recèle autant de merveilles que de drames insurmontables.
LE REVELATEUR est un des tous premiers films tourné par Philippe Garrel, en 1968. Garrel qui avait déjà quelque entregent dans la profession puisque Bernadette Lafont et Laurent Terzieff, beaux comme des amants... dans un film de Philippe Garrel, s'y trouvent, et y incarnent un couple qui s'agite autour de leur fils, et qu'un certain Philippe Rousselot y signe, surtout, des images en noir et blanc absolument superbes qui sont pour beaucoup dans le fait qu'on ai regardé ce drôle d'objet filmé jusqu'au bout (mais ça ne fait qu'une heure).
Il n'y a pas d'histoire, juste une situation: un couple, leur enfant, qui courent dans des champs, qui marchent sur une route, qui courent dans les bois, la nuit, qui rampent sous les barbelés, qui se couchent sur des matelas dans un tunnel, sur le bitume. Le petit est même filmé allant aux toilettes. C'est parfois "raconté" en négatifs (d'où le titre, peut-être).
Pas sûr que Garrel ait voulu nous dire quelque chose de précis, lui dont le style s'est tout de même déployé par la suite dans une forme plus romanesque et sentimentale, mais il y a déjà, pour peu qu'on veuille trouver un intérêt quelconque à cet "essai" d'avant-garde, qu'on aime Garrel et qu'on ai vu ce qu'il a tourné par la suite, cette fascination pour les amants torturés, les histoires d'amour contrariées, pour peu aussi qu'on accepte de se faire emmener vers cette visite aux fondations d'un style, à condition de tout ça, donc, un vrai cinéaste qui s'annonce.
Mais quand même, c'est un peu chiant.
Avec pour référence MAMAN, J'AI RATE L'AVION (sans blague, je vous jure), ce sucre d'orge à l'hémoglobine vaut pour son huis-clos farceur et sa lente montée en violence sous le signe de la rigolade. Film avec baby-sitter sexy et ados adeptes du mauvais genre, le film dérape un peu trop loin pour qu'on y croit vraiment, mais là réside tout le plaisir: toujours plus !
Le défaut rédhibitoire de ce Christmas pudding reste la prévisibilité du scénario, qui devient lisible à la bonne moitié du carnage. Sans quoi, et sans que Peckover et sa bande de petits malins soient tout à fait étrangers à la réussite relative de l'ensemble, on soulignera quand même que le jeune Levi Miller, en apprenti-Hannibal de 12 ans et demie avec sa coupe de cheveux de premier en cours de civisme, est plus qu'excellent, et a l'air de s'y croire tellement qu'il a du penser un instant à l'Oscar.
On retiendra surtout la prestation de la blonde et mignonne Olivia deJonge, la baby-sitter en question, qui parvient très vite à faire de son personnage de bimbo une petite chose entêtée et énervée, qui offre une belle adversité à notre psychopathe adolescent. On se console comme on peut. Mais après le Garrel, ça m'a réveillé, c'est tout ce qu'il fallait !
Et puis, désole de vous avoir spoilé comme ça, comme disent les jeunes, mais l'affiche du film lâchait déjà trop facilement le morceau. Et de toutes façons, il n'y a rien qui presse à ce que vous voyiez ce film...
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