Qui pour se souvenir de ces FRUITS DE LA PASSION, "suite" de HISTOIRE D'O, toujours de Pauline Réage ? Qui pour se souvenir que ce fut un réalisateur japonais inconnu au bataillon, Shuji Terayama, qui le réalisa en 1981 ? Qui pour se rappeler que sous couvert de chic et choc, - c'était la grande époque David Hamilton, Just Jaeckin et consort, que pour se donner un petit air arty supplémentaire, le dévoué Klaus Kinski donna de sa personne dans ce porno-soft de piètre facture, ici en frippon-sado Sir Stephen, initiateur ès- perversion diverse et variée et prostitution haut de gamme.
C'est la très très très mauvaise Isabelle Illiers, comédienne spécialisée dans ce type de cinéma, qui incarne la belle et soumise O, livrée en pâture aux vices plus ou moins exigeants de clients japonais, chinois et autres, dans un bordel de luxe de quelque port de là-bas, tenu de main ferme par un travelo japonais. Par amour pour ce cochon de pervers de Klaus (dont on peut admirer ici les cuisses musclées et le cul bien ferme), O se donne, comme dans le premier tome, l'exotisme en plus.
C'est vraiment très nul et on s'étonne que le film ait gardé jusqu'à aujourd'hui une légère aura de culte; on ne comprend vraiment pas où il a bien pu se fourrer. Mal joué, monté n'importe comment, tout juste émaillée de références historiques dont on n'a que foutre, on notera juste ce qui semble être la seule chose à sauver: la superbe affiche signée Roland Topor.
Le film fait plus de trois heures et aurait pu ne faire qu'une demie-heure. King Hu prend tellement son temps sur les échanges de regard, les flammes de bougie qui oscillent dans le vent, les couchers de soleil et les brumes qui se lèvent, qu'on en savoure que mieux les scènes de bataille et de duels, assez peu sanglantes mais incroyablement dynamiques, dont une prodigieuse baston au sabre dans une forêt de bambou (les gentils en blanc, les méchants en rouge) dont on voudrait que jamais elle ne s'arrête.
Plus que les figures imposées de ce film de genre (l'héritière batailleuse, les lieutenants fidèles, les félons, les moines qui vous envoient dans les arbres d'un coup d'index), on retiendra ce personnage assez charmant, le lettré, amoureux éperdu de notre fière combattante et dont l'ingéniosité s'avère utile sur le champ de bataille (il invente des mannequins sur des systèmes de poulie qui effraient l'ennemi). Epaté par l'efficacité de son bricolage, sa figure se décompose aussitôt à la vue du carnage auquel il a participé. Même menée avec style, une guerre reste une guerre.
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