Il y a toujours des films étranges à picorer ici et là, et on ne pouvait donc pas passer à côté de ce MS SLAVIC 7, documentaire auto-fictif (comment appeler ça, au juste ?) signé Sofia Bohdanowicz et Deragh Campbell, qui incarne elle-même cette jeune femme en expédition dans la bibliothèque de l'Université de Harvard à la recherche de lettres que son arrière-grand-mère a échangé durant plusieurs années avec le poète polonais Josef Wittlin. Poète inconnu de moi, qui suis un âne en poésie d'Europe de l'est, mais qui parait-il est une figure très importante des lettres polonaises.
Sofia Bohdanowicz raconte sa propre histoire, et c'est de sa propre grand-mère, Zofia Bohdanowiczova qu'il s'agit. On suppose que l'histoire est bien réelle, et ce que le film raconte relève autant de la grande que de la petite (histoire): raconter les normes d'accès drastiques à ces documents "protégés", les discussions à sens unique avec le bibliothécaire courtois mais strict, celles à bâtons rompus avec un universitaire qui, lui, lit le polonais (discussion qui se termine au lit, en un montage naturel tout à fait délicieux) et, de manière plus dramatique, les discussions houleuses avec une tante d'abord courtoise qui se révèle petit à petit une véritable saloperie.
Ici, le film prend un tour tout à coup inédit, et donne peut-être sa raison d'être: si le fil autobiographique est exact, il s'agirait bien d'une sorte de règlement de compte familial autour d'une appropriation illégitime d'un bien familial commun (Sofia serait la légataire testamentaire légale de ces lettres, et sa tante se les serait appropriées).
Il y a sans doute des raisons plus futiles pour réaliser un film, mais on a tout de même envie de demander: tout ça pour ça ?
Côté cinoche, Herzog est plutôt au frein à main. La puissance des mots de Büchner et du jeu de Kinski se suffisent amplement et on sera même étonné par le côté lapidaire, c'est le moins que l'on puisse dire, d'un final expédié au lance-pierre. Comme quoi Herzog est un cinéaste qui sait aussi produire dans l'économie d'une mise-en-scène théâtrale, et dans l'émotion mesurée.
Mais Kinski quand même... quel acteur, quel fou !
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