Ces films ressemblent pas mal à ceux de Mikhael Hers (AMANDA, CE SENTIMENT DE L'ETE), avec lesquels ils ont comme point commun une manière de coller au quotidien le plus banal (des discussions toutes bêtes, des gestes de tous les jours), pour finir par dessiner des rapports chaleureux, et toujours émouvants. C'est que les protagonistes de ces histoires, avec leurs petites vies, leurs simples travers, et qui souvent n'ont pas toujours l'air commodes au premier abord (distanciation à l'allemande ?), voire distants, finissent par nous devenir aussi proches que des connaissances de longue date.
Cette ballade dans ce cercle de petits-bourgeois sans excellence particulière, occupés entre leurs nouvelles affaires de coeur, les deuils qui arrivent de nulle part, les séances de séduction avortées ou les inimitiés naissantes qui arrivent comme elles s'éclipsent, sans gravité apparente, cette manière d'aborder le cinéma et les gens de front, mais sans rien vouloir brusquer, font de ce PASSING SUMMER un objet vraiment séduisant, à la petite musique plus qu'attachante.
Et pour vous le prouver, je cours aller en voir un autre, pas plus tard que demain. Je vous ferai signe quand le charme se sera rompu...
Après ce moment de calme bienfaisant, je suis retourné voir un film qui m'avait littéralement extasié de bonheur au moment de sa sortie, en 1993 (vu dans une petite salle à Perpignan en compagnie de dix paumés dans mon genre), PANIC SUR FLORIDA BEACH de Joe Dante, le maître-amuseur de PIRANHAS et des GREMLINS, jamais meilleur que lorsqu' il se lance, sous couvert d'entertainment mainstream, dans la glorification du cinéma de genre.
C'est un peu sa NUIT AMERICAINE à lui, puisque le film raconte comment un réalisateur-producteur facétieux, le génial Lawrence Woolsey (John Goodman, magnifique), trimbalait ses pellicules de salle en salle à travers les Etats-Unis pour les montrer dans des conditions qui avaient plus à voir avec Barnum et la Foire du Trône qu'avec le reste: les sièges étaient truffés au préalable de bobines électriques qui vous envoyaient des décharges dans le cul lors des scènes d'effroi, l'écran de projection faisait semblant de brûler, le monstre du film de traverser la toile et venir bouffer les spectateurs, des fumigènes étaient largués lors des scènes de combat, un figurant avec un masque de fourmi pénétrait dans la salle pour terroriser les enfants.
Ce Woolsey a vraiment existé (ça n'était peut-être pas son nom d'ailleurs, j'ai oublié), et si ses bobines étaient très en-dessous de ce que pouvait produire un Jack Arnold à la même époque, il compensait largement ce manque de qualité et de moyens par ce genre de procédés. Joe Dante s'amuse bien entendu à en rajouter un maximum dans le spectacle (la séance vire tellement au cauchemar que le public, terrorisé-ravi, ne se rend pas compte où les trucages commencent ou s'arrêtent), mais il a eu l'idée géniale, surtout, de faire se dérouler ce week-end de folie sur la côte de Floride, en pleine crise des missiles de Cuba, alors que la menace de bombardement nucléaire terrorisait nos braves américains et que certains avaient fait fabriquer leurs abris anti-atomiques et qu'on s'attendait alors à tout.
On peut se moquer aujourd'hui (mais enfin, il faut se rappeler qu'en Israël, lors de la première guerre du Golfe, on avait distribué des masques à gaz à la population), et Dante ne s'en prive pas un instant. Comme à son accoutumée, il en profite pour nous brosser quelques personnages ridicules bien comme il faut. mais en vieux singe facétieux qui sait mieux que personne ce que c'est, que de faire peur, et ce que c'est, qu'un simulacre, il nous démontre que tout ça, politique internationale ou pas, film d'horreur fauché ou plein aux as, ça n'est que du spectacle, libre à chacun d'en avoir peur, ou d'y croire.
Avec sa manière inimitable de filmer les troupes militaires comme des soldats en plastique juchés sur des voitures Majorette, de se payer la tête d'une certaine Amérique bigote et ras-du-front (les deux évangélistes qui distribuent des tracts et vocifèrent contre l'"immoralité" des films de Woolsey sont en fait des complices, acteurs ratés un peu repris de justice sur les bords), absolument prête à croire à tout pourvu qu'ils en aient pour leur argent (l'actrice et compagne de Woolsey joue les infirmières à l'entrée de la salle, et fait signer une décharge aux enfants en cas d'accident ou de malaise: Cathy Moriarty, géniale), avec ses manières de nous émouvoir avec une simple idylle entre un fils de militaire parti là-bas en découdre, et cette fille de coco qui refuse de faire des exercices de survie au collège ("mais vous êtes tous idiots ou quoi ? Si la bombe atomique nous tombe dessus, vous croyez que c'est en mettant accroupis les mains sur la tête que vous allez en réchapper ?"), avec ses manières de sale gosse impénitent, Joe Dante est quand même un sacré loulou.
Un genre de Spielberg qui afficherait certaines valeurs...politiques. Un peu communisse sur les bords, quoi. Lui qui fut déjà le chantre de l'anarchie à Hollywood (GREMLINS quand même, c'est pas pire que marxiste, ça ?), a du un jour payer ses libertés de langage: il erre maintenant dans les égouts de Hollywood, comme d'autres grands avec lui.
Mais vérification faite trente ans après sa sortie: c'est un vrai chef-d'oeuvre.
SPACE FORCE se paie la tête, sur le papier, du projet spatial de Donald Dumb (baptisé "Star wars", il n'a pas pu trouver mieux), censé relancer les projets de l'armée américaine en terme de conquête spatiale, la menace d'Al-Qaida, des Chinois, tout ça.
On s'est d'abord bien éclaté avec un Steve Carell grandiose en général trois étoiles naïf, courageux et à cran (il a beaucoup de gamelles à la traîne), et un John Malovitch plus calme que d'habitude: vu le nombre de cabots déchaînés autour de lui, il a bien fait. Vieilles ganaches débiles, scientifiques sans moyens et politiques à la ramasse, c'est bien l'Amérique trumpienne qui s'en prend plein la tronche, et c'est plutôt bien vu. A chaque problème, son imbécile qui apporte, et le plus souvent impose, son absence de solution, et sa catastrophe.
Ainsi, la série convoque les figures bien connues du Docteur Folamour (le général qui fait exploser une fusée en posant son pied sur la console), de Mel Brooks, voire des Zucker & Abrahams. Cela fait longtemps qu'on avait autant ri à des enfilades de gags aussi stupides qu'éreintants, dont ce fabuleux moment avec mamy qui pète au lit parce que papy a trop mis de pression à son inhalateur. Comme chaque personnage possède son chargeur rempli de stupidité pétomanes-débiles-caractérielles, on accorde une confiance entière aux scénaristes pour nous faire rire encore longtemps...
Mais...mais...mais... pourquoi alors ai-je éteint, un peu énervé, après le troisième (quatrième ?... sais plus) épisode, au terme d'une scène de tribunal où les responsables du projet spatial doivent rendre des comptes sur leur projet ? Parce qu'il y a, tout à coup, une manière d'aborder le politique avec une complaisance non pas suspecte mais... fataliste . Les idiots sont au pouvoir, il faut en rire, c'est tout. Où est passée la petite fille communisse de PANIC SUR FLORIDA BEACH qui leur dirait haut et fort leurs quatre vérités ? Tous en tôle ou quoi ?
Vais-je continuer à regarder, quand même ? Pas sûr.
Autre petit détail agaçant (je sais, je sais: je suis chiant), mais la femme du général, jouée par Lisa Kudrow, la blonde rigolote de la série FRIENDS, est en prison à l'heure où je vous parle (au quatrième épisode, donc), sans que cela n'ai l'air de gêner personne. C'est planté là comme un clou qui servira sûrement dans un prochain épisode à érafler ou à soulever un truc, et ce genre de "truc" de scénariste petit malin, qu'on appelle d'ailleurs la technique du "planting" là-bas, et en l'occurrence complètement à côté de la plaque.
Ah oui mais je m'énerve pour un rien en ce moment avec Neteuflix, y a rien à faire !
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