lundi 26 octobre 2020

Il en reste, je vous en remets un peu ?...

 


Franchise zombie dynamique et rigolote comme tout, les films de Sang-ho yeon proviennent, si j'ai bien tout compris, d'une série d'anime particulièrement bourrin, et aux maints dérivés, qui se décline également en jeux vidéo et tout le tralala. Rappelons que si son musculeux DERNIER TRAIN POUR BUSAN n'inventait pas la poudre, il avait le mérite de prolonger dans la joie et la bonne humeur, dans le carnage et l'hyper-violence, une des matrices les plus fondamentales du film d'horreur contemporain: le zombie.

Personne n'a rien inventé depuis les trois chefs-d'oeuvre originels de papy Romero, mais chacun s'est bien employé, depuis la fin des années 60, à nous concocter des variantes marrantes, plus ou moins cohérentes, jusqu'à tirer un peu trop sur l'élastique (combien de saisons en trop en ce qui concerne WALKING DEAD ?). Et puis, las, on s'est contenté d'y mettre un peu de vitesse (les zombies qui galopent est une trouvaille de Zach Snyder, dans son virulent ARMEE DES MORTS), et toujours plus de gore.

Facile quand on est habile en imagerie 3D et en trucages visuels en tous genres, c'est pourquoi il ne faut plus trop attendre de plus que cela: une surenchère toujours plus speed en terme de violence, de rebondissements scénaristiques à n'en plus pouvoir. Bref, le genre ne peut plus se mouvoir que dans l'auto-référencé, et il n'est plus de très grands efforts à produire pour trouver à ces fables de carnage et d'annihilation de notre humanité des échos politiques presque dérisoires.

Prétexte de polar: une bande de quatre kamikazes est dépêchée par la mafia de Hong-Kong en territoire sinistré (toute la Corée du Sud, en fait) pour aller récupérer des sacs de dollars restés bloqués dans les rues de Séoul dans un camion-fourgon. Et bien évidemment, ça grouille de mort-vivants décharnés là-dedans (très sensibles au bruit et à la lumière et plutôt calmes de jour) et d'une milice d'anciens militaires rendus tarés par leur autarcie forcée. 


Vous avez donc dans ce PENINSULA un motif de base pompée sur le fameux NEW YORK 1997 de Carpenter (aller récupérer tout seul un machin important en ne comptant que sur vous-mêmes, en mode contre-la-montre), des militaires qui ont pété les plombs (dans LE JOUR DES MORT-VIVANTS, troisième et meilleur film de la série de Romero, selon moi, les bidasses y étaient décrits avec autrement plus de subtilité et d'aigreur), miliciens tarés qui s'amusent à choper quelques survivants pour des jeux de cirque dégoûtant dans une arène improvisée dans un ancien hypermarché (Carpenter, toujours, et un zeste de ZOMBIE).

Au-delà des effets numériques assez saoulants (les mêmes qui rendaient les grandes scènes de WORLD WAR Z insipides), des effets crados du plus bel effet et des retournements de situation relativement attendus, au-delà de ces ralentis innommables qui ponctuent chaque échange de regard dans les scènes finales (mourra-ti, mourra-ti pas, y retournera-ti, y-retournera-ti-pas) avec chantage émotionnel sur le dos des petits enfants à la clé (mais que c'est émouvant quand ça chiale, un gosse), au-delà de toutes les bassesses du scénario et de l'éculé des situations, on retiendra quand même, outre sa redoutable efficacité, de savoureux moments où les deux gamines de l'histoire (8 et 13 ans, à peu près), font la loi dans leur quartier à grands coups de pilotage de 4x4 et de petites tutures télécommandées avec petites lumières qui clignotent pour écrabouiller tous ces zombies cradingues. Cette intrusion de petites geeks rigolardes de leur canapé à l'intérieur de l'action du jeu-vidéo lui-même, auquel elles seraient en train de jouer, est plutôt savoureuse.


On oubliait aussi de citer la petite touche MAD MAX que prend la très solide course-poursuite entre bons et méchants à bord de voitures-poubelles customisées à mort, bref: du bien joli spectacle, même si tout à fait idiot.

Un petit mot pour signaler que Hae-hyo Kwon, un des acteurs-fêtiche de Hong Sang-soo, participe à ce grand carnaval saignant (il joue le papy-gâteau un brin gaga) et que c''est aussi étrange de l'apercevoir là-dedans que de voir Maria Casarès dans MASSACRE A LA TRONCONNEUSE. Comme c'est rigolo.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire