samedi 28 mai 2022

Hit the road, in the car again.



Hit the road de Panah Panahi, fils de Jafar, qui se colle pour son premier film à un exercice propre au cinéma iranien: le film en voiture. Filmé de loin le long de routes en lacets (Kiarostami), filmé de l'intérieur avec caméras braquées sur les voyageurs (Kiarostami, Panahi) ou les deux en même temps, voilà une figure qui mériterait une analyse approfondie, si elle n'existe déjà.

Une dame très énervée à la sortie de la salle m'a demandé: "Mais vous y avez compris quelque chose, vous ? Vous avez compris pourquoi le jeune homme s'enfuit ? Et il va où ?"

Certes, le film repose tout entier sur des petits secrets et des non-dits qui pèsent un peu sur ce film à la mise en scène élégante mais il y a une raison: aux côtés de maman poule, de papa ronchon avec sa jambe dans le plâtre et du grand qui conduit en broyant du noir se trouve le petit frère qui n'arrête jamais (de faire des blagues, de poser des questions, de crier, de brailler, de dire des bêtises). Dans le rôle, le pétillant Rayan Sarlak envoie du bois, des décibels et beaucoup de fraîcheur. Et au petit, il ne faut pas tout dire.

Hit the road
cumule deux mélos en un: non seulement il faut lui taire la raison de ce raid impromptu, mais ne pas lui dire non plus que son adorable petit chien n'en a plus pour longtemps.
Disons qu'au contraire de cette spectatrice dont j'ai bien senti, et volontiers compris la frustration pour la partager un peu, j'ai fini par saisir les manières de faire du cinéaste qui, comme bon nombre de ses collègues, ne doit pas tout dire ni tout montrer (grands mystères que ces portables qui doivent disparaitre, ces hommes masqués qui déboulent de la montagne en moto, cette attente en compagnie d'autres familles dans ce campement improvisé). C'est comme ça en Iran, madame: il ne faut rien dire car le gosse ira tout répéter et tout le monde se retrouvera en prison.


On comprend mieux pourquoi tout le monde semble ravi du bagout infernal du pétillant marmot: tant qu'il aura le droit de dire tout ce qui lui passe par la tête, laissons-le blablater à foison. Il aura tout le temps de se la mettre en veilleuse.

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