dimanche 24 octobre 2021

Tralala, et voilà.


 Il faut être bien détendu du gland pour envisager, comme viennent de le faire les frères Larrieu, une comédie musicale chantée live de bout en bout. Car dans le cinéma français d'aujourd'hui comme d'hier, il n'y a pas de concurrence qui tienne - à quelques exceptions près, bien connues - avec l'américain, qui nous a remis le truc au goût du jour il n'y a pas si longtemps avec le craquant La-laland, voire d'autres comédies musicales beaucoup plus grotesques. 

A Hollywood, comme on ne fait pas les choses à moitié, on coache la star, on fait transpirer la vedette, on lui refait les pecs et lui apprend à faire le grand écart avec un sourire rempli de dents scintillantes. Il y en a bien un, dans ce casting de bric et de broc, qui aurait pu se la jouer Fred Astaire, c'est le clown-acrobate Denis Lavant. Mais comme il le signale d'entrée de jeu: passée la cinquantaine, ça devient compliqué.

Les Larrieu s'en foutent de tout ça, et quand Mathieu Amalric amorce quelques pas chassés dans les ruelles de Lourdes en compagnie de nonnes frémissantes, ce n'est pas Ryan Gosling ni Hugh Jackman du tout, du tout, du tout. Le film de préparateur physique, ils s'en fichent et ça tombe bien: nous aussi. 




Détendus du gland, ils le sont aussi au niveau scénario, et ça n'est pas la première fois. Ni la dernière, on l'espère. A l'exception de l'assez noir L'amour est le crime parfait, tiré d'un polar de Djian qui reste le seul de leurs films à froncer légèrement des sourcils et à tenir sur un script bien charpenté, leurs films filent le parfait amour avec le dérisoire le plus total et une approximation psychologique bienvenue. Car ce qui les intéresse, c'est l'émotion, ainsi que ce qui fait mouiller et bander. La vie, quoi.

Car leurs films sont bandant, c'est un fait. Mouillant je ne sais pas, ça ne se dit pas encore trop. De Sabine Azéma toute chamboulée qui vient de voir l'ours dans Le voyage aux Pyrénées aux deux couples surpris dans le noir par leurs penchants échangistes de Peindre ou faire l'amour, il y a toujours de quoi se tripoter un peu dans leur cinéma, sans parler d'Amalric galopant quéquette en l'air dans les rues de Paris des Derniers jours du monde, ou du monologue exalté de Karin Viard dans 21 nuits avec Pattie où elle raconte par le menu sa libido exaucée par les assauts d'un bûcheron insatiable.


Dans Tralala, les poses sexy-rock-belle-mèche de Bertrand Belin, les culs nuls d'Amalric et de Mélanie Thierry suffiront bien au bonheur de tout le monde. Après, cela n'est pas tout. Bien entendu. Mais quelque chose se passe quand même entre les chansons composées par des qui ne sont pas des manches tout de même (Belin, Daho, Dominique A., Cherhal, Katrine), ces comédiens-là et une histoire abracadabrante de femme qui croit reconnaitre son fils disparu depuis plus de 20 ans dans ce clochard un peu musicien, attiré de la gare Montparnasse jusqu'à Lourdes par une jeune femme mystérieuse qui s'avère être sa fille. Quand je vous disais que le scénario et les frères Larrieu ça faisait deux.

Par quel miracle, alors, est-on ému, voire carrément triste quand le générique de fin arrive ? Quand le bien nommé Tralala joue des rames au milieu du lac ? Et pourquoi on chialait comme des idiot(e)s à la fin de Lalaland , vous en rappelez-vous au moins ? Parce que la vie, c'est juste rire, pleurer, bander et disparaitre. Et puis voilà. Et mouiller aussi, oui c'est vrai, pardon. 

Ben voilà, c'était du cinéma.

Lalala.







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire