A Hollywood, comme on ne fait pas les choses à moitié, on coache la star, on fait transpirer la vedette, on lui refait les pecs et lui apprend à faire le grand écart avec un sourire rempli de dents scintillantes. Il y en a bien un, dans ce casting de bric et de broc, qui aurait pu se la jouer Fred Astaire, c'est le clown-acrobate Denis Lavant. Mais comme il le signale d'entrée de jeu: passée la cinquantaine, ça devient compliqué.
Les Larrieu s'en foutent de tout ça, et quand Mathieu Amalric amorce quelques pas chassés dans les ruelles de Lourdes en compagnie de nonnes frémissantes, ce n'est pas Ryan Gosling ni Hugh Jackman du tout, du tout, du tout. Le film de préparateur physique, ils s'en fichent et ça tombe bien: nous aussi.
Détendus du gland, ils le sont aussi au niveau scénario, et ça n'est pas la première fois. Ni la dernière, on l'espère. A l'exception de l'assez noir L'amour est le crime parfait, tiré d'un polar de Djian qui reste le seul de leurs films à froncer légèrement des sourcils et à tenir sur un script bien charpenté, leurs films filent le parfait amour avec le dérisoire le plus total et une approximation psychologique bienvenue. Car ce qui les intéresse, c'est l'émotion, ainsi que ce qui fait mouiller et bander. La vie, quoi.
Car leurs films sont bandant, c'est un fait. Mouillant je ne sais pas, ça ne se dit pas encore trop. De Sabine Azéma toute chamboulée qui vient de voir l'ours dans Le voyage aux Pyrénées aux deux couples surpris dans le noir par leurs penchants échangistes de Peindre ou faire l'amour, il y a toujours de quoi se tripoter un peu dans leur cinéma, sans parler d'Amalric galopant quéquette en l'air dans les rues de Paris des Derniers jours du monde, ou du monologue exalté de Karin Viard dans 21 nuits avec Pattie où elle raconte par le menu sa libido exaucée par les assauts d'un bûcheron insatiable.
Par quel miracle, alors, est-on ému, voire carrément triste quand le générique de fin arrive ? Quand le bien nommé Tralala joue des rames au milieu du lac ? Et pourquoi on chialait comme des idiot(e)s à la fin de Lalaland , vous en rappelez-vous au moins ? Parce que la vie, c'est juste rire, pleurer, bander et disparaitre. Et puis voilà. Et mouiller aussi, oui c'est vrai, pardon.
Ben voilà, c'était du cinéma.
Lalala.
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