lundi 9 janvier 2023

Venez-voir, il n'y a pas grand chose...


 Désarroi complet du critique en herbe:  comment parler d'un film dont on n'a rien à dire ? J'en écoute et j'en lis parfois, notamment au Masque et la Plume, qui ne se privent pas de commenter des films qu'ils n'ont pas vu, alors allons-y: Venez voir de Jonas Trueba, qu'est-ce-que c'est ?

Il s'agit d'abord du nouveau film de fiction d'un cinéaste qui m'avait émerveillé avec son Eva en aout (sacré par moi-même et en personne meilleur film de l'année 2020). J'avais raté faute d'opportunité de programmation qui colle bien Qui à part nous, son documentaire au long cours sur la jeunesse madrilène d'aujourd'hui qui faisait... 3h40. Difficile en effet de dénicher un créneau pour le voir en salle. Je me devais donc de ne pas manquer Venez voir...

Le film fait 1h05 et aurait souffert lors de sa réalisation d'astreintes covid qui aurait écourté son tournage. Le film aurait été construit selon les mêmes principes d'écriture qu'Eva en aout, à savoir sur un fil sans cesse modifié et changeant en cours de tournage. Ce cinéma un peu folâtre, bâti sur des indécisions et des opportunités, qui prend son temps de la rencontre entre les personnages pour accoucher de séquences anodines ou émouvantes, a toujours ce petit quelque chose d'aérien. C'est ce qui faisait le charme fou d'Eva en aout, et nous rendait cette jeune femme errant dans les jours et les nuits d'été de Madrid aussi proche que notre voisine de palier, ou d'une possible amoureuse...


Que retenir du dernier film de Trueba si ce n'est que ces jeunes gens vivent un peu comme nous, avec des préoccupations et des vies de trentenaire (pas n'importe lesquels d'ailleurs, ils sont éditeurs, artistes, écrivains, lisent et discutent de Peter Sloterdjik à table, se rendent à des concerts de jazz cosy dans des bars à vin...), tout juste partagés entre désir d'enfant, ou pas, partir vivre à la campagne, ou pas. Et Jonas Trueba, alors... a-t-il fini son Venez voir, ou pas ?...


On aime beaucoup l'image de la toujours adorable Itsaso Arana se prenant d'un fou-rire accroupie au milieu des herbes sauvages (sans doute frappée par l'idée, en faisant pipi en pleine nature, de la soudaine déconnection de la pensée de Sloterdjik avec cet instant). Impression immédiatement démolie par ce final impromptu (toute l'équipe de tournage pliant les gaules filmée au portable, dans un joyeux bazar) qui signe comme l'arrêt cardiaque d'un film quasi mort-né. 

Venez voir... quoi alors ? On est venu, et on a vu ce qui s'apparente à une moitié de film. Ni essai, ni brouillon, un film simplement coupé en deux dont la seconde partie n'existerait pas. Drôle d'idée, drôle de film...

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