jeudi 26 janvier 2023

Le parfum vert, un peu trop vert.

 


Aguiché par les échos ô combien discordants qui ont accueilli le dernier film de Nicolas Pariser, nanar de concours pour les uns ou sucrerie savante pour initiés pour les autres, je suis donc allé voir Le parfum vert, fort de l'idée de me brouiller avec la moitié des personnes qui l'ont déjà vu, adoré ou démoli selon l'humeur du jour. Penchant d'emblée dans le camp de ses laudateurs, il faudra quand même voir à retenir quelque peu son enthousiasme face à cette entreprise tout à fait charmante, - mais pas si audacieuse que ça, gardons-nous d'en faire des tonnes ! - qui nous propose un mix assez enlevé de North by northwest et du Sceptre d'Ottokar.

S'il y en a qui saurait à coup sûr réussir ce genre de truc, ce serait Bruno Podalydès dont on connait l'humour raffiné comme la profonde connaissance et son amour de la bande-dessinée. On est surpris de voir Nicolas Pariser s'attaquer à ce drôle de projet, lui dont les deux précédents films, Alice et le maire et Le grand jeu ne laissait entrevoir que très vaguement le joyeux drille qu'il était. Car à l'arrivée c'est drôle, c'est enlevé, c'est tellement décontrasté, comme dirait Garcimore, qu'on voudrait bien que le film dure une heure de plus.


Soit Martin, acteur à la Comédie Française qui recueille les derniers mots d'un de ses partenaires qui vient de défaillir en pleine représentation. Des propos sans signification pour lui qui vont provoquer un déluge d'ennuis sur sa pauvre tête d'épavedé de service. Capturé par de mystérieux nervis, questionné par un monsieur distingué à fort accent allemand dans un grand salon bourgeois décoré d'originaux de Raymond Macherot puis drogué, abandonné sur les quais et traqué par la police, il va tomber sur Claire, dessinatrice de bande-dessinée qui s'ennuie et cherche surtout à fuir un repas de retrouvaille avec sa famille, qui l'emmerde. Courage, se disent-ils alors, fuyons à la recherche de la vérité


Avec cette grande tige de Sandrine Kiberlain et cet huluberlu de Vincent Lacoste aux commandes, tous les deux rompus depuis cent films au moins aux rouages de la comédie boulevardière et d'un certain humour non-sensique, le film parvient sans peine à trouver un rythme, pas tout à fait échevelé quand même, mais ponctué de quelques trouvailles marrantes en forme de clins d'oeil à Hitchcock ou à Hergé. Ainsi on s'est surpris à rire devant ces deux flics à moustache qui se complètent les phrases l'un et l'autre, on sera un peu moins indulgent avec ce plan sur le chignon d'une blonde à talons aiguilles ou ce final en coup de vent, c'est le cas de le dire, qui trahit quelque part le scénariste un peu fainéant sur les bords. Sans parler du personnage de flic incarné par Léonie Simaga qui se dépêtre comme elle peut, la pauvre, avec un rôle comme échappé d'un mauvais commissaire Moulin.



A l'arrivée, Le parfum vert ne manque pas de jus, il rassemble quelques bouquets reconnaissables entre tous que le réalisateur à gentiment accordé avec assez de bonheur mais qui s'estompent très vite. Un peu plus de mélancolique douceur (à la Podalydès), ou de folie échevelée (à la Peretjatko), voire de rentre-dedans à la limite du vulgaire (à la Mocky) aurait sans doute été bénéfique, en plus d'accorder plus de temps à l'histoire et à ses protagonistes, pour développer cette course-poursuite qui promettait, et méritait mieux que ce final bâclé.

Un peu de générosité, que diable !...

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