jeudi 8 décembre 2022

Fumer fait tousser, mais la drogue c'est bien !

 



Bientôt, Quentin Dupieux sera notre Hong Sang Soo national. A raison de 2 films par an, il s'en approche même si, excusez du peu, il y a bien plus de 2 océans entre les deux cinéastes. Mais non bien sûr, je rigole. Filant sur un régime d'économie drastique et d'un maximum de liberté de production, deux questions se posent pourtant, qui agace le milieu et pas mal de monde de manière générale, mais comment fait-il pour embaucher toutes ses têtes d'affiche bankables mais surtout: que fume-t-il ? Eh bien on dirait que toutes ces vedettes y vont avec une très nette envie de se marrer, moyennant négociation salariale tirant vers le bas peut-être. Ils ont bien raison.


Après le casse-tête physico-quantique d'Incroyable mais vrai avec ses motifs de vie pavillonnaire bousculée par la présence insondable d'une trappe dans la cave, Dupieux semble vouloir régresser encore un peu vers un imaginaire pop chamarré, de crétinerie absolue et d'effets spéciaux cheap plus moches les uns que les autres. Soit une équipe de super-héros en casques intégrales et tenues latex bleues ciel pour la partie Marvel made in Saint Rémy de Provence, fauchée comme les blés. Soit un hommage à San Ku Kaï lors d'un combat pas épique du tout entre nos cinq playmobiles et un gonze harnaché d'une carapace de tortue géante. Soit un mash-up Charlie de Drôles de dames et du Téléchat de Topor avec un Alain Chabat qui prête sa voix à une marionnette de rat presque crevé et dégueulasse comme tout par écran interposé, yeux rouges et bave verte qui lui dégouline sur son sweat et qui n'arrête pas de pécho des bombasses tout en donnant des ordres à sa team. N'importe quoi, isn't it ?


C'est l'esprit Canal période Objectif Nul, affiliation certifiée par la présence de Chabat, Tillier et de Pascal Zadi, fers de lance d'une certaine idée de l'humour téloche qui s'est déportée vers d'autres cieux (le cinéma, le stand-up, d'autres chaînes...). Quentin Dupieux se fiche complètement de ces cinq zigues, à qui il n'offre rien d'autre que des dialogues débiles au coin du feu ainsi que des préoccupations familiales banales ou de libidineux contrariés. Là où il s'amuse comme un petit fou, c'est lors de disgressions narratives: nos cinq Super s'emmerdent, alors ils se racontent des histoires.


On le savait imprégné de Ionesco, voire de Beckett, de Richard Brautigan et de séries B, le voilà qui se surprend à faire son Lawrence Sterne, son Jacques le Fataliste. A l'intérieur, deux ou trois petites histoires affreuses comme tout, qui n'ont rien à voir avec le reste. Un pastiche de slasher avec une Dora Tillier soudain incitée à massacrer ses amis parce qu'elle porte un "casque de vérité", et surtout un segment tordant bien que dégueu, - dont je ne vous raconterai rien - avec une Blanche Gardin très à l'aise dans ce genre d'affreuseté d'un humour plus noir que noir.

A l'arrivée, il reste la conviction que le film tout entier n'a servi qu'à emmailloter ces deux segments narratifs savoureux. En somme, Quentin Dupieux fait ce qu'il veut et s'en fout un peu. Pour preuve, une propension un peu plus avérée que d'habitude à se laisser aller sur les dialogues vulgaires qui mériteraient, quand même, un peu plus d'attention. On lui pardonne, parce que vraiment, une fois de plus, on se sera bien marré.





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