mardi 2 mars 2021

Cotcotcot -hips!-cadec.

 


COTTONPICKIN' CHICKENPICKERS appartient à cette lignée infamante de films destinés aux drive-ins que l'on peut dénicher, ailleurs que chez les revendeurs de VHS ou de cd zone 1 introuvables, sur la chaîne de steaming NWR en l'occurence, dont je vous ai déjà causé ici à plusieurs reprises. Réalisé en 1967 par un certain Larry Jackson, classifié "musical" parce que l'action, - si on peut appeler ça comme ça - se trouve entrecoupée par des pauses chansonnettes inappropriées, C'C (je ne vais pas retaper le titre à chaque fois) est un film délirant tourné avec pas grand chose, avec tout un tas de potes beurrés dénichés dans le speakeasy le plus proche.

C'est l'histoire, -si on peut appeler ça comme ça -, de deux hobos affamés qui tentent de rejoindre le soleil de Floride en sautant dans les trains de marchandise, et qui se font choper alors qu'ils tentent de voler des poules à un brave fermier du coin. Deux cloches bien rasés, attifés de looks improbables, et qui s'entendent pour être aussi cons l'un que l'autre.

Il y aura un sheriff trouillard, un juge j'en-foutre, des campeuses avenantes au look de suédoises libérées, deux adjoints mélomane qui grattent des chansons tristes de plouc esseulées au moindre prétexte (du style: J'ai trouvé une nana en ville/qui est gentille et sexy/avec tout le monde sauf avec moi), des pilotes d'hélicoptère chelous, une danoise en panne sur le bord de la route qui n'hésite pas à se mettre en bikini pour arrêter les conducteurs, et qui croit que Hollywood se trouve en Floride. Egalement au programme, un ivrogne qui raconte toujours la même blague qui ne fait rire que lui: c'est le leitmotiv du film. 


Pourquoi s'arrêter sur ce truc, si ce n'est pour signaler une fois encore qu'on est assez friand de ce cinéma sans frein ni complexe, qui conjugue avec bonheur un manque de moyens criant avec une bonne humeur non dénuée de sarcasme. Il est ici beaucoup question de moonshine (ce tord-boyau fait maison qui est au bourbon ce que la térébenthine est au single malt) et de bouilleurs du cru vivant au fin fond des marécages. Il semble que le bouilleur en question soit un Indien d'ailleurs,- si on peut appeler ça comme ça-, qui en cas d'intrusion policière sur son territoire déclenche des explosifs comme au Viêtnam, non sans s'être au préalable peinturluré la figure, de manière sommaire, direction le sentier de la guerre. 

S'il y en a que ça chatouille de prétendre que C'C est aussi une charge contre la politique américaine d'alors en Asie du Sud-est, ça les regarde. 


Il y a tout de même ce moment où le film touche au sublime lorsque nos deux paumés accostent un employé des postes en voiturette, doté d'une bonne tête de vieille patate fripée, et dont les neurones ont du avoir quelques démêlés avec le moonshine en question. Incapable de se concentrer sur ce qu'on lui dit, ni de se rappeler de la phrase précédente, la scène offre une rafale de dialogues éblouissants qu'on se prendrait à guetter, lors du générique de fin, si un certain Groucho Marx n'aurait pas participé à la fête, par hasard.

Du non-sense à la Ionesco chez les cinglés de Faulkner oui, mais aussi une poursuite dans les everglades remontée en accéléré, où se coursent aéroglisseurs, décapotable de sport, vélo d'enfant à guidon surélevé, bagnoles de patrouille sur route comme dans l'eau. Et un hélico donc, dégommé au feu de bengale.

 Du slapstick plouc à l'haleine bien chargée, du Tex Avery tremblotant frappé de gueule de bois. Mon bonheur de la semaine les gars ! Allez, à la votre.




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